jeudi 19 mai 2022

Week-end couloir neige/glace T.A. bartasse : 



La date est notée dans l’agenda depuis quelques mois, c’est donc du 18 au 20 mars que l’EPAF se retrouve pour un week-end couloirs/goulottes.

Mais la météo aura raison de nous : avec un BERA à 3, et encore de la neige de prévue, nous décidons de changer nos plans l’avant-veille du départ. Petit point météo : la pluie est partout, c’est donc vers Aix en Provence que nous allons nous diriger afin d’éviter les gouttes.

Vendredi 18 mars :

RDV est pris : parking des deux Aiguilles de la St Victoire, à 11h45. C’est la voiture Marianne – Laura – Coralie – Lara qui donne le la (Charlotte dû faire demi-tour une fois arrivée à Toulouse). Et oui, c’est rare, mais avec Sophie nous profitons d’une grasse matinée !! Départ de Nîmes à 9h30, je redécouvre la joie de sortir de chez soi quand il fait jour!

Durant le trajet, Sophie me parle de ses problèmes de trentenaires : « j’ai envie de faire des soirées posées en buvant du vin avec les copains ». Et oui, les tracas des trentenaires qui n’ont plus la fougue des jeunes… Nous roulons sans encombre. Tellement en avance, nous faisons un détour à la Biocoop compléter les courses déjà faites (on ne rigole pas avec le saucisson !). Nous nous retrouvons quasiment en retard ( «ça serait le comble qu’on soit en retard avec seulement 1h30 de trajet… »).

Sophie oublie ses envies de trentenaires et active le mode rallye : « virage serré à gauche Sophie, épingle à droite ! ». Arrivées au parking, les autres filles sont déjà là. Gain de temps : Sophie fait son 1er drift, avec succès, élégance et poussière !

Les retrouvailles sont chaleureuses, malgré l’absence de Charlotte que nous n’avons pas revue depuis un moment.

Le matériel est vite sorti, Marianne et Lara partent en trombe pour « Le Grand Parcours ».

Nous prenons plus de temps pour réfléchir. Je propose à Laura de faire une cordée autonome dans une voie TA de niveau assez modeste (sur le papier). 

Le Griffus, voie de 6 longueurs en 5b max. Laura ayant repris la grimpe, sur le papier ça passe. Coco et Sophie feront une voie proche de nous, pour être là en cas de besoin.

Et c’est ainsi que les 6 filles s’élancent sur le calcaire de la St Victoire.


Laura, Angélique, Coco, Sophie :

Nous arrivons au pied de la dalle, avec Laura nous recherchons notre départ. Nous avons un point de repère : le 1er relais se situe sous le petit toit, vers la droite. En vain. La 1ère longueur étant renseignée comme un 4b sur le topo papier, Laura s’élance sans vraiment trouver le départ mais en visant le petit toit. Au fur et à mesure, notre confiance s’étiole : la longueur n’est pas simple à protéger, le relais n’est pas visible. Laura cherche, tâtonne, casse des cailloux… elle se protège tant bien que mal, et dévie du trajet initial : «vise l’arbre à droite, au moins tu pourras faire le relais dessus ! ». Et c’est après avoir bartassé tous les buissons de notre 1ère longueur que Laura se vache enfin sur cet arbre, à 10m à droite du petit toit tant désiré. J’enfile mes chaussons et la rejoins. Je la félicite pour cette longueur qui, d’une part, ne vaut pas 4b mais +, et d’autre part pour l’engagement dont elle a fait preuve vu la faible possibilité de protection fiable. Et c’est tout en se transmettant le matériel que nous découvrons, 3m à gauche de nous, une lunule avec une cordelette et un mousqueton. « Ah ben peut être que le relais était là, mais rien à voir avec le topo ! ».

Je m’élance donc sur la 2° longueur, en prenant soin de bien clipper cette magnifique lunule. Je continue la traversée afin de rejoindre la fissure indiquée sur le topo, sous les encouragements de Laura qui sait me mettre en confiance. Je poursuis la voie, découvrant avec joie la qualité du caillou (péteux à souhait), la présence de belles chenilles dans certains bartasses (me rappelant l’urticaire du Caroux l’année dernière). Un petit pas en dièdre permet de passer le petit dévers sans encombre. Me voilà les fesses au-dessus du vide, des cailloux incertains entre les mains, et les mollets qui tremblent : ma confiance s’envole comme de la poussière sous l’effet du Mistral. Et c’est après 5 min de panique que j’arrive enfin à attraper la lunule qui me faisait de l’œil. Ouf. Je termine la longueur pour faire un relais quelques mètres plus hauts, sur un arbre. Laura me rejoint. Nous faisons un point : « c’est dur pour du 4b », « le cailloux est trop péteux », « je ne suis pas sereine »… Toutes ses réflexions nous font nous poser la question « est-ce qu’on réchappe ? ». Après réflexion, et suite aux conseils de Coco et Sophie (« un peu plus haut, il y a une grande vire, depuis laquelle vous pourrez nous rejoindre, après ça ira mieux ! »), nous décidons de poursuivre pour les rejoindre. Laura poursuit, fait face à un beau mur lisse qu’elle passe brillamment, pour enfin rejoindre Coco et Sophie sur la dite vire.

Une fois toutes les 4 réunies, nous faisons un point. Laura et moi sommes sur une voie trop dure pour nous, difficile à protéger. Nous ne sommes sûrement pas sur le bon itinéraire…

Nous optons pour continuer à gauche de Coco et Sophie, par une fissure et au-dessus de laquelle nous voyons un piton. Je ne me sens pas du tout en confiance, Laura se dévoue pour continuer en tête. Quelques mètres plus hauts, Coco et Sophie nous enverrons un brin de leur corde « les filles, au-dessus c’est une grosse dalle lisse, ça ne passera pas. Laura prend mon brin et rejoint-nous. ». 

Nous poursuivons la voie en suivant Coco et Sophie. Je suis en tête, Coco à mes côtés. La voie continue sur un petit pas, et je remercie Coco de laisser les protections, décidément ce n’est pas du 5…

Afin d’éviter le passage en 6, Sophie décide de le contourner, nous nous retrouvons à bartasser de nouveau. Laura terminera la dernière longueur aux dernières lueurs de la journée, et sans frontale…

Enfin arrivées au sommet, on étudie les solutions: redescendre par un chemin “difficile” que nous n’avons pas repéré, monter sur la crête et redescendre par le GR sur l’autre versant. Lara et Marianne ayant terminé leur voie, elles pourront nous récupérer. Le temps passe, la nuit s’installe. Point sur les frontales: 2 frontales pour 4, ce n’est pas le mieux qu’on puisse avoir, on opte pour l’autre versant. Frontales allumées, elles suivent les petits points lumineux depuis le parking.

On active le mode rallye et on tente de rejoindre la crête. Nous nous retrouvons face à un mur, certes court, mais un tant soit peu trop lisse pour être fait en solo avec le vide juste en dessous. Nous décidons de resortir un brin (si bien lové une dizaine de minutes auparavant…). Ce brin ne sera pas de trop, lorsqu’une prise cassera dans mes mains dans un passage en équilibre, les filles on pu découvrir mes vocalises ! 

Enfin arrivées à la crête, il suffit d’atteindre la croix de la Ste Victoire pour rejoindre le GR. Nous ne profiterons de la vue que de nuit.  Le GR, long mais sans difficulté, sera un magnifique temps d’échange entre nous 4. 



Marianne, Lara:

Très peu d’approche pour accéder au secteur Signal et entamer le fameux Grand Parcours qui part de la base et gagne le sommet de la Sainte Victoire en suivant un itinéraire assez sympa et varié. ça part sur une dalle équipée dans du très facile puis ça s’élève progressivement en devenant du vrai TA.

On n’a pas trop idée de combien de temps ça va nous prendre car les topo divergent : 17 longueurs dans le bouquin, 10 sur Camp to Camp… On verra bien et au pire on a les frontales, mais on n’est pas trop inquiètes!

ça déroule tout du long, entre petites longueurs de fissures, passages en corde tendue et promenades sur arêtes. L’intégralité des grimpeurs de la face (autant dire pas grand monde aujourd’hui) doit nous entendre papoter car nous ne nous arrêtons que lorsque 30m et le vent nous séparent! Parties en light avec un seul brin de 60 et un petit sac pour deux, c’est un régal, on n’a pas trop de corde à brasser et on peut savourer la course. 

Rien à jeter mais les plus jolies longueurs se trouvent sur le dernier ressaut, deux fissures bien visibles en 5+ qui quittent le tracé noirs, où deux nénettes encordées aux anneaux et lestées de leurs friends, dégaines et tout le tintouin peuvent se retrouver nez à nez avec des trailers en mini-short et basket! Tous les chemins mènent à Rome après tout! Rien ne sert de courir, il faut partir à point… Pierre qui roule n’amasse pas mousse… Hm Hm je m’égare! 

Quelques zig-zag après ces deux longueurs nous voici comme qui dirait sur le plateau sommital. Place à la dégustation des bugnes de la maman de Lara, ça tombe bien c’est l’heure du goûter! Miam miam merci Patricia ;-)

La météo aura bien tenu mais deux petites gouttes nous décident à attaquer la deuxième partie de la journée : une joyeuse randonnée descendante. Manquant le pat du chat par force papotages, nous optons pour la descente par les grottes au niveau du Garagaï. Et pas déçues! Splendide entrée en matière pour ce retour! Nous suivons le tracé noir, puis le vert, en quelques désescalades. Il ne faut pas négliger cette descente qui par temps de pluie, de nuit et en l’absence de frontale pourrait s’avérer… scabreuse ^^ ! 

  

 



Nous arriverons au camping qu’à 23h. Vu l’heure tardive, nous plantons nos tentes loin des autres afin de ne pas les réveiller.  Repas vite avalé, nous décidons de partir aux Calanques le lendemain ! 


Samedi 19 mars:

Réveil plus ou moins matinal selon les cordées, c’est ainsi qu’on découvre que Marianne finit sa nuit dans son camion, faute au matelas percé ! 


Sophie, Coco, Angélique:

Départ direction le parking des Calanques d’en Vau, pour "Hommage à Gaston"! Superbe voie qui mouille un peu les dessous de pieds à l'attaque! Mémorable!








 

Marianne, Laura, Lara:

Depuis la fermeture du chemin de la Gardiole, la calanque d’En Vau se mérite après une longue marche d’approche. Arrivées sur le plateau de Castelvieil, première mission : repérer LE gros pin, au milieu d’une bonne deux-centaine de gros pins. Puis, tirer un loooong rappel plein gaz jusqu’à une cheminée/grotte puis enfin au ras de l’eau, sans mouiller la corde ! Ces prémices (presque) accomplies, c’est le départ dans des longueurs incroyables : de la plateforme initiale au dessus de l’eau, on grimpe dans la cheminée, sur de bonnes prises, sous une voûte grandiose dans laquelle résonne le bruit des vagues. On sort ensuite de la cheminée par une fenêtre, et une traversée avec vue sur la mer et le soleil. Puis la voie remonte un dièdre et s’engouffre à nouveau dans un large boyau, dont l’issue se présente comme un fin couloir face à la mer, vide sous les pieds, où il s’agit de grimper tantôt sur la paroi de droite, puis de traverser grimper sur la paroi de gauche, se terminant par une fenêtre sur la calanque, où se trouve un repose-pied improbable qui sert de relais. Deux très belles longueurs de 6b, enchaînées avec efficacité par Marianne, ramène au plateau de Castelvieil.

De retour à la calanque d’En Vau, un rapide trempage du genou dans l’eau fraîche pour Laura, c’est un retour au pas de course jusqu’à l’apéro où nous attendent les copines, au camping de la Sainte Victoire.








                

Dimanche 20 mars : l’arête du Contrevent

Que serait l’alpinisme sans les caprices du ciel ? Un peu d'acclimatation à cet aléa nous attendait à Subéroque, Sainte-Victoire, pour commencer cette matinée du 20 mars.

Les trois silhouettes d’Angélique, Laura et Lara cheminent tranquillement entre les oliviers, après avoir dûment repéré la voie depuis le parking. Elles montent, dépassent les buissons épineux, enlèvent un pull, remontent, remettent un pull parce que, quand même, il y a un peu d’air, se frayent un chemin jusqu’au pied du roc, et enfin s’exercent à la recherche d’itinéraire. L’arête des Abeilles, serait-ce celle-ci ? Non, plutôt celle-là ! Silence circonspect. Raisonnons… Nous arrivons d’ici, nous devons donc voir cela… Avançons jusque là-bas. Un dièdre ? Non. Revenons sur nos pas. Une fissure ? Pas la bonne. Un surplomb ? Fausse route sans aucun doute.

Après moult tergiversations, nous voici au départ. Du 4 la première longueur ? Mon œil, heureusement que Lara a senti l’entourloupe et qu’elle a pris les devants. Passé le premier relais, le vent semble se lever. Au bout de deux longueurs, c’est la tempête. On remet toutes les couches, on ne s’entend plus parler, les cordes volent dans les longues portées en rajoutant du tirage.

Je passe devant, pour m’entraîner à poser des coinceurs et trouver l’itinéraire. Le terrain est plutôt facile et l’itinéraire pas trop compliqué pour moi (oui, certes, bien sûr, il est difficile de se perdre sur une arête. Et pourtant, s’il y a quelqu’un à qui ça pourrait arriver… bref.) Le vent m’arrache à moitié le casque (enfin une vraie raison de l’avoir de travers), je me bas contre les rafales, je progresse contre les éléments, je coince ici, je clippe là, j’avance en pensant aux courageux héros de la Horde du Contrevent*. Bon, je dois être en bout de corde, je n’ai plus beaucoup de breloques au baudrier. Faisons le relais ici. Je m’escrime à installer mon relais entre deux risées, et au moment de hurler plus fort que jamais (en espérant être dans le bon sens) ‘relais vachée’, je me retourne, vois le visage de Lara qui apparaît à une dizaine de mètres :

«  Ca va Laura ? Tu peux avancer encore hein. Il reste 50 mètres là. »

Un peu moins perturbée par les éléments, c’est Angélique qui termine la voie, jusqu’au plateau sommital, laminé par les bourrasques. Sans demander notre reste, nous redescendons à pied, autant s’économiser des rappels dont le jeté de cordes, habituellement aléatoire (pour moi en tout cas…) deviendrait carrément incontrôlable. Au parking, nous retrouvons Marianne, Coralie et Sophie, de retour d’une séance de falaise non moins ventée que notre périple. Après une restauration à base de saucisson, bonbons, tartinade de maquereaux et de confiture (oui, dans cet ordre), c’est le retour à Toulouse.





 

*https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Horde_du_Contrevent



Liens CampToCamp des voies :  

 

               


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire