Arête Nord Occidentale du Balaïtous avec Jéromine
(31 aout, 1 et 2 septembre 2018)
Après s’être retrouvées à Noé, avoir tchéqué pendant le trajet le matos, la bouffe, l’enneigement, la glace, la météo… On décolle du parking du plan d’Aste à 20h30 vendredi soir sous une petite pluie fine (si si, on a tchéqué la météo, et à partir de demain il doit faire grand beau tout le week end, normalement !!)
2h30 de marche à la frontale nous séparent du refuge de Larribet. On a vite fait bien fait d’installer notre campement de fortune et de nous glisser au chaud dans nos duvets. On ne peut que s’imaginer le décor qui nous entoure, la grande surprise est pour demain. En attendant, on s’endort paisiblement dans les bras de la montagne ;-)
Un micro réveil dans la nuit me rassure, la voie lactée nous offre ses trésors. Le ciel s’est dégagé et j’aperçois devant moi la silhouette des montagnes qui se dessine. Nous sommes dans un petit cirque. L’effet cocon est à son comble !
Réveil à 7h, préparation du sac et de l’eau pour deux jours car ce soir, nous avons prévu de dormir au sommet du Balaïtous ! C’est donc les sacs bien lourds (entre 13 et 15kg je pense), que nous entamons la marche d’approche en passant par les lacs de Batcrabère. Marche un peu fatiguante car elle emprunte de multiples éboulis et on ne peut pas se permettre de trainer. Les cuisses chauffent déjà !
Petite pause repas en arrivant au pied de l’arête avant de commencer notre ascension à 12h pétante !
Nous réalisons une centaine de mètres en corde tendue. Premier relais sur une petite vire en face Ouest. Jéromine prend la tête de cordée mais aujourd’hui le mental n’est pas au rdv. Ce n’est pas grave, je m’y colle avec plaisir ☺. Pour moi c’est la reprise de la grimpe et de l’alpi après 3 longs mois de convalescence dus à une rupture de poulie en mai… C’est le bonheur de retrouver la montagne ainsi, de lire l’itinéraire, placer les coinceurs dans du bon granit, et mener la danse de cette valse lente avec mon « bébé alpi ». Tout se passe bien mais nous progressons lentement. Nous préférons jouer la sécurité et au lieu de faire de la corde tendue, nous tirons des longueurs.
A 16h, nous sommes au pied de l’Aiguille Lamathe. On se fait peu d’illusion sur le fait de bivouaquer au sommet… Mais que faire ? Il y a un super spot bivouac ici. Mais qu’allons nous trouver plus loin ? Et surtout si l’on s’arrête maintenant, nous aurons encore beaucoup à parcourir demain. Nous avons donné à Vincent (notre ange gardien du week end), une heure limite de 19h de retour dans la vallée le dimanche…
Nous décidons ensemble de continuer notre avancée et de voir où elle nous mènera. On accélère la cadence et en descendant de l’Aiguille, nous avons un mince espoir de finir avant la nuit car le plus gros des difficultés est derrière nous. On aperçoit le bastion final mais avant ça, il faut gravir et descendre en rappel un petit éperon. Au bas de celui-ci, le caillou est péteux et le bivouac y est impossible… On tchèque de nouveau le topo et un espoir apparaît, une vire traversante se nicherait à une centaine de mètres au dessus de nous. Il est 19h45, on décide de filer à toute allure vers cette vire ! Je grimpe le plus vite possible mais le poids du sac, la fatigue de la journée et la concentration qui baisse me ralentissent. Je ne dois pas prendre de risque inutile. On se fait finalement rattraper par la nuit avant d’atteindre la fameuse vire… Heureusement Jéromine me rejoint à temps sur une toute petite vire où nous décidons de passer la nuit.
Une fois cette décision prise, nous prenons le temps de regarder les dernières minutes d’un coucher de soleil incroyable. Nous avons devant nous le majestueux Palas, avec à sa gauche et en 2eme plan le pic d’Ariel et enfin en fond, l’imposant pic du midi d’Ossau. Ces sommets mythiques de nos Pyrénées gouvernent la mer de nuage. Une palette de couleurs infinie donne de la vie à ce tableau à couper le souffle. Les tons changent d’une seconde à l’autre. Nous vivons là un moment unique. Qu’est ce que j’aime la montagne et ce retour dans son atmosphère magique !
Avant que la nuit nous enveloppe, nous prenons le temps de manger quelque chose de chaud ! Et il nous faut de l’énergie pour demain ! On fait fissa pour se glisser rapidement dans nos duvets, car on se caille un peu les fesses sur notre bout de caillou à quasiment 3000m d’altitude !
On revisite une nouvelle version du tétris au moment de se coucher ! Notre petit nid est vraiment… petit ! On se place donc à la queue leu leu avec les jambes en quinconce. Mais ces dernières sont quelque peu attirées par le vide… Qu’à cela ne tienne, on saucissonne tout ça et on l’arroche au relais ! Voilà, là on va pouvoir dormir un peu !
Dans la nuit un vent assez important se lève et ne va pas se calmer de la journée. Réveil à 6h30, nous prenons le petit dej’ dans les duvets, ça caille ! Les couleurs du jour teintent progressivement le ciel à mesure que nous rangeons notre matos. Le premier défi est de sortir du duvet. Le 2eme, tout ranger sans rien faire tomber de la falaise ou envoler par le vent ! Une fois les sacs fait, il faut attaquer la grimpe ! Nous sommes gelées. Face Ouest, vent glacial, caillou gelé… et onglet assuré ! C’est donc avec difficulté que je me lance dans la première longueur de la journée. Le mental n’est pas au rdv. Je progresse lentement et protège très souvent, mais j’avance. Lorsque Jéromine me rejoint au 1er relais, je lui demande, comment elle va « ça ne va pas », me répond -elle ! « J’ai trop froid ! ». Je suis étonnée ! Je crois que c’est la 1ere fois de ma vie que je l’entends se plaindre ! Allez il ne faut pas trainer, au sommet nous allons retrouver le soleil !
Après 3 longueurs difficiles dans le froid, nous arrivons à la brèche des Isards. On prend le temps de se ressourcer un peu à la chaleur timide des premiers rayons de soleil et d’enfiler les grosses. La fin de la voie n’a pas l’air compliquée et il faut mettre les pieds au chaud !!
Et là, j’avais rarement été aussi contente de voir du monde en montagne, on aperçoit à une vingtaine de mètres un petit groupe de randonneurs qui cheminent dans « la grande diagonale » pour atteindre le sommet. Et encore mieux, il est possible de les rejoindre ! Quel soulagement de pouvoir marcher et se sentir en sécurité, se réchauffer grâce à l’effort ! Nous déposons les sacs dans un coin du chemin pour finir la course en mode light (mais pas sans le pic nique !)
C’est vers 11h que nous foulons le sommet du Balaïtous ! Quel bonheur. D’être là, de l’avoir fait, d’être au soleil, d’être ensemble et tout sourire ! Merci Jéromine pour ce moment si fort !
On s’octroie une bonne pause pour manger et surtout s’imprègner de ce paysage et cette ambiance majestueuse.
Nous repartons pour une longue descente dans « La grande diagonale ». Le chemin n’est pas roulant. Une première grosse partie dans les éboulis, une traversée dans la vallée, une remontée au col du ciseau pour redescendre vers les lacs de Balcrabère de nouveau dans des éboulis… Cette descente n’en finit pas ! La fatigue, le poids des sacs nous rend moins vigilantes. Les cuisses sont molles… Mais il y a du monde autour de nous et nous gardons un bon rythme. Il faut être en bas avant 19h pour ne pas inquiéter Vincent !
On s’autorise une petite pause au refuge pour refaire correctement nos sacs, manger, BOIRE et repartir pour les 2h de marche qui nous ramènent à la voiture. En chemin nous croisons de belles demoiselles qui nous susurent doucement « mangez moi mangez moi mangez moi… ». Devant leur galbe parfait et leur belle couleur violine, nous ne pouvons refuser la proposition des myrtilles ! Merci mère nature de les avoir mises sur notre chemin, elles sont délicieuses !
Il y est 18h30 lorsque nous arrivons au parking. Vincent est rassuré, on peut enfin prendre le temps de boire un verre et manger une glace tranquille en terrasse !
Merci Jéromine, merci la montagne pour ces moments forts où l’on se sent vivre. Où l’on est coupé du monde, en symbiose avec la nature tout en n’oubliant pas qu’ici, c’est elle qui reigne.
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