samedi 30 septembre 2017

Deux folles dans le Verdon

Je vous laisse imaginer. Deux amoureuses de la montagne, gourmandes de la vie et férues de grimpe, une semaine ensemble dans l’un des plus beaux temples de l’escalade : le VERDON !


Plantons ensuite le décor. Le soir de notre arrivée, la nature a déjà enfilé son manteau d’automne. Les arbres bordant les falaises sont roux, jaunes, verts, bruns… Le soleil n’a plus la force de monter jusqu’au zénith. Ses rayons tamisés, fatigués d’avoir brillés de tout leur saoul durant l’été, descendent à l’oblique pour donner à ce cadre paradisiaque une ambiance chaleureuse, calme et presque déjà une envie de feu de cheminée, de thé chaud en écoutant le craquement du bois rongé par les flammes…






Laissez moi aussi vous présenter celui sans qui tout ça n’aurait pas été possible, il nous a apporté chaleur et protection, le château d’Ihintza !



Bon et maintenant, on fait quoi ? Ben, on mange ! On aura de quoi faire cette semaine ! Petite pensée pour le marché de Villefranche et « mon papy » sans qui nous n’aurions pas été aussi gâtées !



Après une bonne nuit et une grande difficulté à s’extraire des duvets (il fait 6 degrés dans le camion), je découvre ma première voie au Verdon avec « Cat so angry » que nous faisons sous les conseils de Dav. Oncle Dav ? Je crois que la guapita ne t’auras jamais autant pourri ! En effet la voie n’est pas équipée à la verdonnesque, c’est-à-dire avec un point tous les 6m, mais elle est assez physique ! Ça sera donc 80m de roumègue pour ma binôme adorée ! Mais ce n’est pas grave ! J’apprécie ce caillou sculpté par les eaux, aux formes douces et harmonieuses, ces surplombs imposant et ce gaz vertigineux ! Nous atteignons le sommet en empruntant la voie « El gringo loco », une petite voie en dalle où je peux enfin apercevoir les dents du bonheur de ma belle Ihintza !



 


Le truc qui est aussi très chouette, c’est que les voies sont courtes ! Nous sommes au sommet vers 16h, nous laissant largement le temps de manger un bout, boire un petit verre dans un des multiples bars du village et bouquiner… C’est pas ça les vacances après tout ? PRENDRE LE TEMPS !



Notre 2eme jour au paradis est frigorifique, le vent est vraiment glacial et le récent souvenir de cette journée de méga caillage à Ordesa nous fait abandonner l’idée d’une grande voie aujourd’hui. Nous optons donc pour la belle randonnée du sentier Martel. C’est aujourd’hui au fond des gorges que nous allons évoluer, et à l’horizontale ! Ce petit chemin (qui sent la noisette…) longe la rivière. Nous passons d’abord dans un très long tunnel, à l’origine creusé pour drainer l’eau à travers les gorges, quand celle-ci se fait trop abondante. Heureusement qu’un ami d’Ihintza nous avait prévenu, on n’y voit rien du tout ! Alors nous nous sommes équipées ! Et bien sûr, après avoir salué un crapaud au frais dans une résurgence du tunnel, notre folie l’emporte et nous courrons comme des enfants dans le noir !



Après une pause de midi au soleil à l’abri du vent et évidemment après une petite sieste, nous rebroussons chemin pour aller faire quelques couennes à l’Escales.


Mercredi, il fait super beau ! Et c’est après avoir descendu les rappels plein gaz que nous attaquons la magnifique première longueur de « Barbapoupon ».


 


Le caillou est INCROYABLE (Nadiuska, je t’aime). Les gouttes d’eau tombant régulièrement des surplombs au dessus de la longueur ont créées de petits trous dans la paroi, juste de quoi glisser une ou deux phalanges ou un bout de chausson.
Toutes les longueurs de la voie sont magnifiques. Le rocher est taillé, façonné de gouttes d’eau, de strates à doigt et techniques, tout ce que  nous aimons ! Mais quel bonheur de se retrouver là, de vivre ce moment ensemble, de piailler au relais, de se quitter pour un moment de solitude, de grimpe, d’osmose avec la nature, le rocher, le soleil qui nous chauffe doucement le dos (et rend nos chaussons un peu trop petits !!!)… Et de se retrouver au relais suivant. Gourmandes de la vie et de sensations, c’est bien nous !

"Pour une poignée de gros lards". Belle et sauvage nous avait dit l'oncle Dav. Et aujourd'hui, lhintza était d'accord avec lui pour dire que oui, cette voie était superbe, même si elle a dû artifer un pas de  la dernière longueur, vraiment trop bloc !




Pour notre 5ème jour de grimpe, les doigts commencent à piquer! On a laissé quelques bouts de peau sur le caillou, mais pas notre motivation! Nous nous engageons dans "Agorgeamoclès". Petit coup de gueule en arrivant au premier relais, où quelqu'un n'a pas trouvé de meilleur spot pour lâcher son caca de la peur... Au lieu d’être bien installées sur une petite vire, c'est donc les fesses dans le vide et le nez « ravi » que nous partons dans la première longueur de traversée, très esthétique! La suite est tout aussi belle mais soutenue, chacune couine dans sa longueur, sous les encouragements d'un BE dans la voie d'à côté qui trimballe deux allemands dont il ne comprend pas le dialecte... Cool sa journée à lui!



Ma guapita engage la viande dans un très beau longeur en fissure, elle est dans son élément, mais nous sommes au Verdon, et il faut grimper au dessus du point! Idem pour moi dans la longueur suivant en dalle, il y a une traversée très technique avec presque le petit panneau préventif « grandes pates exige… ». Ok c’est pour moi et mon grand écart, loin d’être gracieux !
Et le pire reste à venir. Nous choisissons de finir la voie par la variante de "Solide au bidet" car la dernière longueur de notre voie est patinée. Sauf que cette variante a été ouverte en 1987, c’est-à-dire old school!! Et alors là, là oui j'ai couiné! Les points sont carrément aérés et ne suivent pas du tout les lignes évidentes de la falaise... Alors lentement mais sûrement, nous sortons de la voie! Ravies tout de même!!

Le soir, crevées et après un bon repas, nous retrouvons Nadiuska qui nous rejoint pour notre dernier jour de grimpe avec Tristan, un mec super coolos, mais la plume sur son casque laisse deviner que c’est un apache, alors il vaut peut être mieux se méfier… ;-). Demain nous auront 2 BE avec nous, c’est pas la classe ça ?

Pour ce dernier jour en bonne compagnie, nous avions prévu de faire « Trache sur la tranche », une belle voie de 250m avec une longueur en 6c sur le fil d’une arête… Mythique… Mais lorsque nous arrivons au pied de la voie, il y a déjà deux cordées dedans. Nous nous rabattons donc sur une voie aux allures plus physiques « Les fils de l’haltère et du pan ».




La première et les 3 dernières longueurs portent bien le nom ! C’est athlétique et aujourd’hui, la guapita comme moi-même, sommes crevées ! On la sent la semaine de grimpe dans les bras !
Nous prenons tout de même du plaisir dans L2 et L3 qui sont absolument splendides, mythiques, majeures… Ouah !!!
Nous utilisons enfin notre joker BE, alias Tristan et Nadiuska de la dernière longueur, car plus de bras et plus de mental !

Notre semaine s’achève avec une dernière soirée au bar autour de bonnes pizzas qui nous ont narguées toute la semaine avec leur odeur délicieuse… et un petit concert Flamenco, un régal !

Eh guapita, on repart quand et où ??