jeudi 19 mai 2022

Week-end couloir neige/glace T.A. bartasse : 



La date est notée dans l’agenda depuis quelques mois, c’est donc du 18 au 20 mars que l’EPAF se retrouve pour un week-end couloirs/goulottes.

Mais la météo aura raison de nous : avec un BERA à 3, et encore de la neige de prévue, nous décidons de changer nos plans l’avant-veille du départ. Petit point météo : la pluie est partout, c’est donc vers Aix en Provence que nous allons nous diriger afin d’éviter les gouttes.

Vendredi 18 mars :

RDV est pris : parking des deux Aiguilles de la St Victoire, à 11h45. C’est la voiture Marianne – Laura – Coralie – Lara qui donne le la (Charlotte dû faire demi-tour une fois arrivée à Toulouse). Et oui, c’est rare, mais avec Sophie nous profitons d’une grasse matinée !! Départ de Nîmes à 9h30, je redécouvre la joie de sortir de chez soi quand il fait jour!

Durant le trajet, Sophie me parle de ses problèmes de trentenaires : « j’ai envie de faire des soirées posées en buvant du vin avec les copains ». Et oui, les tracas des trentenaires qui n’ont plus la fougue des jeunes… Nous roulons sans encombre. Tellement en avance, nous faisons un détour à la Biocoop compléter les courses déjà faites (on ne rigole pas avec le saucisson !). Nous nous retrouvons quasiment en retard ( «ça serait le comble qu’on soit en retard avec seulement 1h30 de trajet… »).

Sophie oublie ses envies de trentenaires et active le mode rallye : « virage serré à gauche Sophie, épingle à droite ! ». Arrivées au parking, les autres filles sont déjà là. Gain de temps : Sophie fait son 1er drift, avec succès, élégance et poussière !

Les retrouvailles sont chaleureuses, malgré l’absence de Charlotte que nous n’avons pas revue depuis un moment.

Le matériel est vite sorti, Marianne et Lara partent en trombe pour « Le Grand Parcours ».

Nous prenons plus de temps pour réfléchir. Je propose à Laura de faire une cordée autonome dans une voie TA de niveau assez modeste (sur le papier). 

Le Griffus, voie de 6 longueurs en 5b max. Laura ayant repris la grimpe, sur le papier ça passe. Coco et Sophie feront une voie proche de nous, pour être là en cas de besoin.

Et c’est ainsi que les 6 filles s’élancent sur le calcaire de la St Victoire.


Laura, Angélique, Coco, Sophie :

Nous arrivons au pied de la dalle, avec Laura nous recherchons notre départ. Nous avons un point de repère : le 1er relais se situe sous le petit toit, vers la droite. En vain. La 1ère longueur étant renseignée comme un 4b sur le topo papier, Laura s’élance sans vraiment trouver le départ mais en visant le petit toit. Au fur et à mesure, notre confiance s’étiole : la longueur n’est pas simple à protéger, le relais n’est pas visible. Laura cherche, tâtonne, casse des cailloux… elle se protège tant bien que mal, et dévie du trajet initial : «vise l’arbre à droite, au moins tu pourras faire le relais dessus ! ». Et c’est après avoir bartassé tous les buissons de notre 1ère longueur que Laura se vache enfin sur cet arbre, à 10m à droite du petit toit tant désiré. J’enfile mes chaussons et la rejoins. Je la félicite pour cette longueur qui, d’une part, ne vaut pas 4b mais +, et d’autre part pour l’engagement dont elle a fait preuve vu la faible possibilité de protection fiable. Et c’est tout en se transmettant le matériel que nous découvrons, 3m à gauche de nous, une lunule avec une cordelette et un mousqueton. « Ah ben peut être que le relais était là, mais rien à voir avec le topo ! ».

Je m’élance donc sur la 2° longueur, en prenant soin de bien clipper cette magnifique lunule. Je continue la traversée afin de rejoindre la fissure indiquée sur le topo, sous les encouragements de Laura qui sait me mettre en confiance. Je poursuis la voie, découvrant avec joie la qualité du caillou (péteux à souhait), la présence de belles chenilles dans certains bartasses (me rappelant l’urticaire du Caroux l’année dernière). Un petit pas en dièdre permet de passer le petit dévers sans encombre. Me voilà les fesses au-dessus du vide, des cailloux incertains entre les mains, et les mollets qui tremblent : ma confiance s’envole comme de la poussière sous l’effet du Mistral. Et c’est après 5 min de panique que j’arrive enfin à attraper la lunule qui me faisait de l’œil. Ouf. Je termine la longueur pour faire un relais quelques mètres plus hauts, sur un arbre. Laura me rejoint. Nous faisons un point : « c’est dur pour du 4b », « le cailloux est trop péteux », « je ne suis pas sereine »… Toutes ses réflexions nous font nous poser la question « est-ce qu’on réchappe ? ». Après réflexion, et suite aux conseils de Coco et Sophie (« un peu plus haut, il y a une grande vire, depuis laquelle vous pourrez nous rejoindre, après ça ira mieux ! »), nous décidons de poursuivre pour les rejoindre. Laura poursuit, fait face à un beau mur lisse qu’elle passe brillamment, pour enfin rejoindre Coco et Sophie sur la dite vire.

Une fois toutes les 4 réunies, nous faisons un point. Laura et moi sommes sur une voie trop dure pour nous, difficile à protéger. Nous ne sommes sûrement pas sur le bon itinéraire…

Nous optons pour continuer à gauche de Coco et Sophie, par une fissure et au-dessus de laquelle nous voyons un piton. Je ne me sens pas du tout en confiance, Laura se dévoue pour continuer en tête. Quelques mètres plus hauts, Coco et Sophie nous enverrons un brin de leur corde « les filles, au-dessus c’est une grosse dalle lisse, ça ne passera pas. Laura prend mon brin et rejoint-nous. ». 

Nous poursuivons la voie en suivant Coco et Sophie. Je suis en tête, Coco à mes côtés. La voie continue sur un petit pas, et je remercie Coco de laisser les protections, décidément ce n’est pas du 5…

Afin d’éviter le passage en 6, Sophie décide de le contourner, nous nous retrouvons à bartasser de nouveau. Laura terminera la dernière longueur aux dernières lueurs de la journée, et sans frontale…

Enfin arrivées au sommet, on étudie les solutions: redescendre par un chemin “difficile” que nous n’avons pas repéré, monter sur la crête et redescendre par le GR sur l’autre versant. Lara et Marianne ayant terminé leur voie, elles pourront nous récupérer. Le temps passe, la nuit s’installe. Point sur les frontales: 2 frontales pour 4, ce n’est pas le mieux qu’on puisse avoir, on opte pour l’autre versant. Frontales allumées, elles suivent les petits points lumineux depuis le parking.

On active le mode rallye et on tente de rejoindre la crête. Nous nous retrouvons face à un mur, certes court, mais un tant soit peu trop lisse pour être fait en solo avec le vide juste en dessous. Nous décidons de resortir un brin (si bien lové une dizaine de minutes auparavant…). Ce brin ne sera pas de trop, lorsqu’une prise cassera dans mes mains dans un passage en équilibre, les filles on pu découvrir mes vocalises ! 

Enfin arrivées à la crête, il suffit d’atteindre la croix de la Ste Victoire pour rejoindre le GR. Nous ne profiterons de la vue que de nuit.  Le GR, long mais sans difficulté, sera un magnifique temps d’échange entre nous 4. 



Marianne, Lara:

Très peu d’approche pour accéder au secteur Signal et entamer le fameux Grand Parcours qui part de la base et gagne le sommet de la Sainte Victoire en suivant un itinéraire assez sympa et varié. ça part sur une dalle équipée dans du très facile puis ça s’élève progressivement en devenant du vrai TA.

On n’a pas trop idée de combien de temps ça va nous prendre car les topo divergent : 17 longueurs dans le bouquin, 10 sur Camp to Camp… On verra bien et au pire on a les frontales, mais on n’est pas trop inquiètes!

ça déroule tout du long, entre petites longueurs de fissures, passages en corde tendue et promenades sur arêtes. L’intégralité des grimpeurs de la face (autant dire pas grand monde aujourd’hui) doit nous entendre papoter car nous ne nous arrêtons que lorsque 30m et le vent nous séparent! Parties en light avec un seul brin de 60 et un petit sac pour deux, c’est un régal, on n’a pas trop de corde à brasser et on peut savourer la course. 

Rien à jeter mais les plus jolies longueurs se trouvent sur le dernier ressaut, deux fissures bien visibles en 5+ qui quittent le tracé noirs, où deux nénettes encordées aux anneaux et lestées de leurs friends, dégaines et tout le tintouin peuvent se retrouver nez à nez avec des trailers en mini-short et basket! Tous les chemins mènent à Rome après tout! Rien ne sert de courir, il faut partir à point… Pierre qui roule n’amasse pas mousse… Hm Hm je m’égare! 

Quelques zig-zag après ces deux longueurs nous voici comme qui dirait sur le plateau sommital. Place à la dégustation des bugnes de la maman de Lara, ça tombe bien c’est l’heure du goûter! Miam miam merci Patricia ;-)

La météo aura bien tenu mais deux petites gouttes nous décident à attaquer la deuxième partie de la journée : une joyeuse randonnée descendante. Manquant le pat du chat par force papotages, nous optons pour la descente par les grottes au niveau du Garagaï. Et pas déçues! Splendide entrée en matière pour ce retour! Nous suivons le tracé noir, puis le vert, en quelques désescalades. Il ne faut pas négliger cette descente qui par temps de pluie, de nuit et en l’absence de frontale pourrait s’avérer… scabreuse ^^ ! 

  

 



Nous arriverons au camping qu’à 23h. Vu l’heure tardive, nous plantons nos tentes loin des autres afin de ne pas les réveiller.  Repas vite avalé, nous décidons de partir aux Calanques le lendemain ! 


Samedi 19 mars:

Réveil plus ou moins matinal selon les cordées, c’est ainsi qu’on découvre que Marianne finit sa nuit dans son camion, faute au matelas percé ! 


Sophie, Coco, Angélique:

Départ direction le parking des Calanques d’en Vau, pour "Hommage à Gaston"! Superbe voie qui mouille un peu les dessous de pieds à l'attaque! Mémorable!








 

Marianne, Laura, Lara:

Depuis la fermeture du chemin de la Gardiole, la calanque d’En Vau se mérite après une longue marche d’approche. Arrivées sur le plateau de Castelvieil, première mission : repérer LE gros pin, au milieu d’une bonne deux-centaine de gros pins. Puis, tirer un loooong rappel plein gaz jusqu’à une cheminée/grotte puis enfin au ras de l’eau, sans mouiller la corde ! Ces prémices (presque) accomplies, c’est le départ dans des longueurs incroyables : de la plateforme initiale au dessus de l’eau, on grimpe dans la cheminée, sur de bonnes prises, sous une voûte grandiose dans laquelle résonne le bruit des vagues. On sort ensuite de la cheminée par une fenêtre, et une traversée avec vue sur la mer et le soleil. Puis la voie remonte un dièdre et s’engouffre à nouveau dans un large boyau, dont l’issue se présente comme un fin couloir face à la mer, vide sous les pieds, où il s’agit de grimper tantôt sur la paroi de droite, puis de traverser grimper sur la paroi de gauche, se terminant par une fenêtre sur la calanque, où se trouve un repose-pied improbable qui sert de relais. Deux très belles longueurs de 6b, enchaînées avec efficacité par Marianne, ramène au plateau de Castelvieil.

De retour à la calanque d’En Vau, un rapide trempage du genou dans l’eau fraîche pour Laura, c’est un retour au pas de course jusqu’à l’apéro où nous attendent les copines, au camping de la Sainte Victoire.








                

Dimanche 20 mars : l’arête du Contrevent

Que serait l’alpinisme sans les caprices du ciel ? Un peu d'acclimatation à cet aléa nous attendait à Subéroque, Sainte-Victoire, pour commencer cette matinée du 20 mars.

Les trois silhouettes d’Angélique, Laura et Lara cheminent tranquillement entre les oliviers, après avoir dûment repéré la voie depuis le parking. Elles montent, dépassent les buissons épineux, enlèvent un pull, remontent, remettent un pull parce que, quand même, il y a un peu d’air, se frayent un chemin jusqu’au pied du roc, et enfin s’exercent à la recherche d’itinéraire. L’arête des Abeilles, serait-ce celle-ci ? Non, plutôt celle-là ! Silence circonspect. Raisonnons… Nous arrivons d’ici, nous devons donc voir cela… Avançons jusque là-bas. Un dièdre ? Non. Revenons sur nos pas. Une fissure ? Pas la bonne. Un surplomb ? Fausse route sans aucun doute.

Après moult tergiversations, nous voici au départ. Du 4 la première longueur ? Mon œil, heureusement que Lara a senti l’entourloupe et qu’elle a pris les devants. Passé le premier relais, le vent semble se lever. Au bout de deux longueurs, c’est la tempête. On remet toutes les couches, on ne s’entend plus parler, les cordes volent dans les longues portées en rajoutant du tirage.

Je passe devant, pour m’entraîner à poser des coinceurs et trouver l’itinéraire. Le terrain est plutôt facile et l’itinéraire pas trop compliqué pour moi (oui, certes, bien sûr, il est difficile de se perdre sur une arête. Et pourtant, s’il y a quelqu’un à qui ça pourrait arriver… bref.) Le vent m’arrache à moitié le casque (enfin une vraie raison de l’avoir de travers), je me bas contre les rafales, je progresse contre les éléments, je coince ici, je clippe là, j’avance en pensant aux courageux héros de la Horde du Contrevent*. Bon, je dois être en bout de corde, je n’ai plus beaucoup de breloques au baudrier. Faisons le relais ici. Je m’escrime à installer mon relais entre deux risées, et au moment de hurler plus fort que jamais (en espérant être dans le bon sens) ‘relais vachée’, je me retourne, vois le visage de Lara qui apparaît à une dizaine de mètres :

«  Ca va Laura ? Tu peux avancer encore hein. Il reste 50 mètres là. »

Un peu moins perturbée par les éléments, c’est Angélique qui termine la voie, jusqu’au plateau sommital, laminé par les bourrasques. Sans demander notre reste, nous redescendons à pied, autant s’économiser des rappels dont le jeté de cordes, habituellement aléatoire (pour moi en tout cas…) deviendrait carrément incontrôlable. Au parking, nous retrouvons Marianne, Coralie et Sophie, de retour d’une séance de falaise non moins ventée que notre périple. Après une restauration à base de saucisson, bonbons, tartinade de maquereaux et de confiture (oui, dans cet ordre), c’est le retour à Toulouse.





 

*https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Horde_du_Contrevent



Liens CampToCamp des voies :  

 

               


lundi 7 mars 2022

St'âge de glace!

C’est reparti ! Les mortes de faim sont de retour pour une nouvelle saison, prêtes à swinguer le bout des piolets et à faire couiner les crampons. 

Dimanche 20 Février 2022 – Guillestre

Dimanche, c’est le jour des arrivées au gîte “Entre Guil et Mets” ! Les portes de l’auberge resteront ouvertes toute la journée, au gré du va-et-vient des groupes qui déchargent, qui se saluent avec enthousiasme. Certains sont même arrivés la veille. Comme tout enfant en vacances, chacun se rue vers sa chambre, fait le tour, choisit son lit. Ça se croise dans les couloirs, ça compare sa chambre (et même terrasse pour certains !), mais tout le monde se dirige vers le point névralgique de l’auberge : la grande salle.

Beaucoup de personnes ne se voient qu’au stage de cascade de glace, c’est donc l’heure des retrouvailles. Et c’est autour d’une tartiflette que nous voyons enfin toutes les personnes présentes. C’est une fois ce merveilleux repas terminé que tout le monde se retrouve dans la salle du matériel pour le grand briefing.

Etat des lieux des personnes présentes, langues parlées, niveaux de chacun… C’est aussi la liste des cascades en condition : nous sommes fin février, et la météo du moment est plutôt en notre faveur !

Le verdict tombe : l’EPAF (composée d’Angélique et Ilona, accompagnées de Coco) attaquera par Crévoux, avec les Blaireaux (@epam_lesblaireaux) ! Avec Ilo, on se regarde, intriguée. Crevoux, c’est notre cauchemar de l’an dernier, c’est l’avalanche qui a enseveli Charlotte et Alex, et qui nous les a rendus in extremis. En somme, c’est la cartouche grillée. Coralie a tenu à ce que nous commencions par ce lieu, comme un exorcisme : « Comme ça, on met les pieds directement dans le plat ! ». Malgré un BRA à 1, pour tout le monde c’est : ARVA + pelle + sonde obligatoires toute la journée. Pour nous c’est symbolique !

Quant à Lara, elle se rendra à Aiguilles pour encadrer les futurs initiateurs.

Après un long briefing qui terminera tard, tout le monde file au lit.

La famille d’Ilona étant en vacances à Guillestre, elle nous rejoindra demain matin pour le départ.

Dans les chambres, c’est le même rituel tous les soirs, pendant le brossage de dents : « Et toi tu te lèves à quelle heure ? », « La chance vous faites grasse matinée vous !!! ». Les groupes ayant été éclatés dans les chambres, on se retrouve avec diverses heures de réveil.

Lundi 21 Février 2022 – Crevoux 

Réveil difficile, nous avons peu dormi. Saut du lit – tout en douceur, préparation – toute en discrétion, petit-déjeuner au pas de course et nous voilà tous dans les voitures, prêt au départ !

On roule tranquillement direction Crévoux. Petit check météo : il est prévu de la neige et du vent… On aurait aimé commencer par du beau temps !

L’approche déroule, l’EPAF et l’EPAM papotent des courses réalisées ces derniers jours, des nouveautés, tous bien couverts car le vent nous frappe et nous glace. La cascade s’ouvre enfin à nous : belle et majestueuse, « elle envoie ».

Une fois arrivés : tous les sacs iront à l’abris du fameux cailloux (TMTC si tu étais là le jour de l’avalanche ?). Les cordées se forment, il est l’heure d’aller faire chanter les piolets!




 

Coco, assurée par Ilo (Angélique au poste de photographe) attaque par une voie de chauffe, bravant la température, le vent et la neige. Il fait froid, tout le monde se cache sous les doudounes. Au pied de la cascade, on aperçoit deux petites boules sur pattes : une violette (Ilo) et une verte (Agnès) ! Recouvertes de plusieurs couches de doudounes, les filles font comme elles peuvent pour ne pas se refroidir.

Ilo embraye et part en moulinette, suivie par Angélique : c’est dur, les membres sont raidis par le froid, les onglées nous ont (trop) vite rejoints, pour notre plus grand malheur. A la fin de sa voie, Ilona gémit de douleurs : « le sang revient, j’ai mal ! ». Il arrivera la même chose à Angélique, la journée commence bien.

Les filles enchaînent des voies en moulinette dans un premier temps, puis en tête. Les piolets chantent, les glaçons claquent, on entend même quelques blaireaux parpiner ! La gestuelle revient vite.

On découvre aussi les magnifiques sifflements de Carlos, qui accompagneront tous les participants du stage le long de la semaine.

Ilo s’essaiera en fin de journée sur une voie mixte, sur laquelle elle nous fera une belle démonstration de talent : départ en dry, qui se termine sur une casquette de glace. Comme diraient les jeunes : « c’est carré » (traduction pour les moins jeunes : c’est stylé).


La journée se termine sur un bilan positif : pas d’avalanche, pas d’enseveli, et un paquet de jolies voies au compteur !

Le retour se fait dans le calme, tout le monde file sous la douche se réchauffer.

Le soir, Ilo et Angélique retrouvent Marianne et Laura, qui ont roulé toute la journée. L’EPAF enfin au complet pour ce stage, ça papote sévère !

L’heure du briefing sonne, on voit “EPAF” s’inscrire en bas à droite du tableau, dans la case… « Pelvoux ? J’arrive pas bien à lire », « Non, non c’est “Pelouses”. », « ”Pelouses” ? C’est quoi ? ».


Mardi 22 Février 2022 – Ceillac, Vallon des Pelouses, Cristal Salace, 50 m, 5

6h50, coup de clairon, c’est parti pour la première journée de Laura et Marianne avec l’EPAF ! A travers la fenêtre de notre chambre, la lumière rosée de l’aube révèle un paysage tout enneigé : il est tombé quelques centimètres cette nuit.

Après un solide petit-déjeuner, et quelques virages dans le van de Marianne en destination de Ceillac, on se gare sur un chemin enneigé. (Sacrées ornières… Est-ce qu’on ressortira de là ce soir ?). De là, on aperçoit la cascade du vallon des Pelouses. Une petite heure d’approche est l’occasion d’écouter Coralie nous parler de l’expé en Ouganda. 

La cascade se mérite : il faut remonter le torrent, couvert de la nouvelle couche de poudreuse. On s’enfonce, on zigzague, on remonte, au milieu des blocs massifs. La neige fraîche donne au paysage un côté féérique. La cascade, en vue depuis la sortie de la forêt, paraît très belle, et très verticale aussi. 

Attaquer par du 5 semble un peu osé pour Marianne et Laura qui viennent de débuter leur stage… Pourtant, Marianne ne semble pas impressionnée et il n’en faut pas beaucoup pour la motiver à s’élancer en tête dans la première longueur. On l’accompagne d’encouragements, en la voyant peu à peu s’élever. Elle paraît sereine. Quelle machine cette Marianne ! Pour sa première cascade de l’année, elle s’offre deux longueurs de 5 bien verticales. 


En bas, il gèle un peu : on se couvre de toutes nos couches. Pas encore réchauffées au moment de démarrer en second, Lara et Laura décident de garder leurs doudounes… Sauf que…

« Marianne ! Tu as oublié de nous dire qu’on se fait doucher là ??? »

A notre suite, Coralie commence en tête à son tour, suivie d’Ilona et Angélique. La 2° cordée prendra elle aussi une bonne douche tout le long de la voie. Heureusement, le côté vertical nous réchauffe, il faut tracter un peu ! Les deux longueurs sont enchaînées, puis un tout dernier ressaut de quelques mètres verticaux nous donne encore l’occasion de s’amuser, et pour certaines de s’essayer au brochage. A l’unanimité, les filles saluent Marianne pour cet exploit lors d’une reprise : Marianne, t’es une machine !

Deux rappels plus tard, c’est le retour au pied de la voie puis à la voiture (tiens, la neige a fondu !), et enfin au supermarché de Guillestre, rayon apéro :-)




 

Mercredi 23 Février 2022 – Aiguille 

Le mercredi, jour des enfants, on se dirige avec le GEAO vers le bac à sable, aka : la « falaise » d’Aiguilles, pour une journée méga-chill, pseudo-repos, en prévision des journées suivantes. Défi du jour : enchaîner 1000 m de dénivelée à nous quatre, Marianne, Ilo, Laura et Angélique, avec Lara pour arbitre. Sur un pan de glace de 15 m de haut, il va falloir enquiller les longueurs ! Règles du jeu : les longueurs en tête comptent double, les longueurs de dry en tête comptent triple. Vers 14h, autour d’un super pique-nique des familles, on fait le point sur l’objectif : déjà presqu’atteint !

** Instant recette **

Pour un déjeuner d’équipe sympa au pied de la voie, il te faut :

6 bols de nouilles instantanées

2 thermos d’eau bouillantes (sans thé dedans…)

  1. Ouvrir le bol de nouilles sans retirer complètement l’opercule. 

  2. Verser de l’eau bouillante du thermos (donc pas vraiment bouillante) jusqu’au trait.

  3. Refermer l’opercule avec sa main dessus pour garder le chaud.

  4. Mouiller son gant.

  5. Enlever son gant.

  6. Remettre sa main pour fermer l’opercule.

  7. Se brûler les doigts.

  8. S’apercevoir qu’on n’a pas de fourchette.

  9. Ampoule sur la tête : aller chercher son crochet Abalakov. Le plonger dans les nouilles. Constater que quand même, ça va être compliqué. 

  10. Savourer le chaud en s’en mettant partout.

  11. Se dire que finalement, chiller c’est pas mal !

Les filles se remettent en scène, on n’est pas là pour beurrer des coquillettes ! On enchaîne les longueurs, en moulinette, en tête, en dry ! L’objectif est plus qu’atteint à la fin de journée.








Jeudi 24 Février 2022 – Vallon du Fournel, les nains des ravines, 300 m, 4

Marianne et Laura partagent leur chambre avec Clara, Eloïse et Pyrène du GEAO. Pratique, car la destination est la même : on partage le bus pour le vallon du Fournel, départ synchronisé à 7h00 du gîte. 

6h00. Musiques de portable.

6h05. Musiques de portable.

6h10. Musiques de portable . . . ... . . … Imperceptible frémissement des couettes.

6h15. Musiques de portable... Grognements humanoïdes. Soupirs. Bâillements. Décollement des paupières, bruits de tissus. Pieds par terre, sacs remués, ting-ting de l’ampoule de la salle de bain, filet d’eau, tintement de l’alu de l’arva-pelle-sonde, froissement d’un papier de biscuits… 

6h30. Petit-dej. Certains ont encore les yeux collés, d’autres se cuisinent des œufs au plat (respect pour la motivation matinale !).

7h00. Alors que les autres arrivent en nombre dans la salle commune pour prendre leur petit déjeuner, pour nous c’est le départ. 

7h40. Après une première partie de route sans encombre jusqu’au parking des Mines d’Argent, toute l’équipe monte dans le bus du CAF, seul à être équipé de quatre pneus neige. C’est Charles qui conduit, prêt à en découdre avec la route enneigée ! Le minibus trace sa route dans les deux ornières marquées. C’est presque un sans-faute pour Charlie… dommage, la dernière petite montée aura raison du pilote et c’est le calage ! Deux essais de marches arrière + élan suffisent à vaincre la colline, mais ce n’est pas la même pour Alex et son van qui restent bloqués dans l’ornière. Il est déjà monté jusque-là sans pneus neige, belle perf’ ! Il nous sort une paire de chaînes rouillées, et on s’attaque avec Lara à l’installation de l’avant-gauche..

8h45. Les équipes GEAO et EPAF se séparent sur le parking, et on convient d’attaquer les rappels à 14h30, voie fini ou non.

9h30. Pied de la voie après une approche d’une vingtaine de minutes. On se tasse sa petite plateforme, on pose le sac dessus, on l’ouvre, et on le vide consciencieusement pour récupérer les broches, tout-au-fond. En sortant mon thermos, et en le posant dans la neige devant moi, j’imagine que si Robin était là, il serait déjà en train de râler… (Laura, on a dit « pas dans la neige », les affaires, hein ?). Ahaaa, je me frotte les mains : il n’est pas là, profitons-en ! Et hop, le baudrier et les dégaines déposés à même la poudreuse. Et vas-y que je décalotte les broches en laissant traîner les bouchons partout (Laura !). On s’en fout de ces conneries de bouchons, pas vrai ? Et hop, la doudoune (de Robin), par-dessus le tas de pointes acérées. (Non mais enfin, Laura ?!!) Et vlan, la pelletée de flocons par-dessus le tout, histoire de bien se prouver que non, la neige, ça ne mouille pas, ça décore ! (C’est une blague ou quoi ??!) Ah-ah ! Quel bonheur de n’en faire qu’à sa tête ☺

Bon allez, fini de rigoler, maintenant il faut attaquer la première longueur. Deux cordées se dessinent : Ilona-Lara d’un côté, Laura-Marianne-Angélique de l’autre. Je démarre à gauche du large pan qui s’offre à nous, Ilona à droite, pour éviter la zone centrale dans laquelle la cordée précédente s’est engagée et d’où elle nous balance allègrement un festival de parpaings. Sur la cascade d’à côté (Le Colosse de Rhode), on entend Carlos siffler du Brassens.

Pour le relais de fin du premier ressaut, Ilona choisit un emplacement en glace vive, tandis que je m’installe rive droite sur l’arbre équipé du rappel de descente. Lara monte, Ilona repart… Et pendant ce temps, j’ai avalé moins de 10 m de corde. Que se passe-t’il du côté de mes secondes ? Une onglée et une éternité plus tard, j’entends Angélique : « On est là ! On a une surprise !!! » « … ? » « Marianne grimpe avec un seul crampon !! »

Par chance, une cordée nous suit, et l’homme de tête a pu récupérer Le-Précieux. De son relais à une dizaine de mètres de nous, il nous le renvoie sur l’ascenseur d’un bout de corde. Sympa ! Marianne rechausse sa petite pantoufle de fer tandis que j’assure tranquillement Angélique… Et puis, du relais d’en dessous, la voix à nouveau nous alpague : 

« Didon, elle met pas un-peu-beaucoup de points vot’copine ? »

De « sympa », le type vient de s’auto-dégrader à la catégorie « relou ». Il serait pas Grenoblois, non ? Quoi qu'il en soit, bien que la grimpe à cloche pied ne soit pas si terrible d'après Marianne, elle le remercie chaudement car il restait tout de même encore quelques ressauts!

L’épisode pantoufle nous ayant fait perdre un temps certain, Lara propose de grimper ensuite en double flèche. Ilona est en tête, Lara et Angélique en second, Angélique tractant les brins de Laura et Marianne. La cordée de devant (celle qui, à l’aurore, nous parpinait du parpaing) est déjà redescendue du sommet des Nains, et termine également une variante à droite. Tranquillement installées au relais n°4, on l’entend discrètement revenir vers nous pour installer le rappel de descente : 

« Non mais elles vont coucher là ou quoi ? »

C’est dingue tous ces Grenoblois aujourd’hui ;-) !

Heureusement, il nous reste le ressaut final, la plus jolie longueur, qui sort au sommet. Pas le temps de traîner, il est déjà 15h30 (oups) il faut enchaîner les rappels pour ne pas faire attendre l’autre équipe. De retour au pied de la voie, il est déjà 17h passées, il ne s’agit plus de ranger mais bien de bourrer dans les besaces et de filer fissa. Le soleil s’est déjà évanoui du parking à notre retour, et le GEAO nous attend. Photo finish et en voiture (tiens, la neige sur la route a déjà fondu). De retour au dépôt, déballage des affaires :  

Euh… Tiens… on dirait qu’il me manque une dégaine… « Et elle serait pas dans la poudreuse, là-bas…»







Supercouloir 8.0, stop aqua


Vendredi 25 Février 2022 – Vallon du Fournel, Beating the retreat, 4+, 300 m, 4+

Pour le dernier jour du stage de glace, la cordée n’est plus que l’ombre d’elle-même : Angélique suit la formation Neige&Avalanche, Ilona attrape un train à Guillestre direction le MacDo de Pontcharra (la cuisson des frites n’attend pas), et Coralie s’est envolée pour la Norvège. Lara, Marianne et Laura empruntent encore une fois le bus du GEAO pour rejoindre le vallon du Fournel. Moins nombreuses, on s’autorise une voie un peu plus difficile et un chouia plus long. Croix de bois croix de fer, à 14h30 fini-pas fini, on tire les rappels.

J’attaque la première longueur, bercée par les blablas des deux copines qui poireautent dans la fraîcheur. Corde tendue. Relais. Arrivée des deux secondes. Et toujours pas une seule pause dans la conversation !

Marianne et Lara se partageront les longueurs suivantes. Les pentes de neige nous amènent quelques fois à progresser en corde tendue. Les ressauts suivants sont bien sympa et plus ou s'élève, mois la glace est marquées de trous de piolets et de crampons. On sent qu'il y a eu du passage dans les premières longueurs, peut-être moins dans les dernières. 

C'est déjà le temps de tirer les rappels. Le premier se coince dans la lunule sèche... ça commence bien! Heureusement, un guide local qui termine lui aussi la voie et qui est encore au dernier relais avec ses clients parvient à briser la glace et libère nos deux brins! Merci Sylvain! Tout le reste s'enchaine sans encombre et nous serons bien contentes de retrouver, tout en bas de la cascade, la broche perdue de notre sauveur pour lui rendre la pareille ! 





Et voilà que cette belle journée se termine! On se magne sur la marche du retour car les copains du GEAO sont déjà au parking depuis un certains temps...

Le soir à l'auberge c'est LA soirée! Les Slovènes comptent bien mettre le feu et Gregor s'emploie énergiquement à faire monter l'ambiance. Pas d'erreur cette année, les troupes migrent dans la salle du briefing direct pour ne pas déranger ceux qui souhaitent dormir. Chants slovènes, chants basques, guitare, rap de gangster. Quelques instants plus tard on se débride à notre tour et la piste de dance se remplie jusqu'au bout (bon ok plutôt milieu) de la nuit!

L'EPAF remercie sincèrement le CAF de Toulouse et l'ensemble des encadrants pour l'organisation de ce stage réussi! Et un grand merci à Lara Amoros  !!!

Merci également au fabriquant de cordes français Cousin Trestec, pour nous avoir offert en soutien pour nos aventure : les cordes spéciales glace! Supercouloir 8.0, traitement Stop Aqua: un régal !