Je vous laisse imaginer. Deux amoureuses de la
montagne, gourmandes de la vie et férues de grimpe, une semaine ensemble dans
l’un des plus beaux temples de l’escalade : le VERDON !
Plantons
ensuite le décor. Le soir de notre arrivée, la nature a déjà enfilé son manteau
d’automne. Les arbres bordant les falaises sont roux, jaunes, verts, bruns… Le
soleil n’a plus la force de monter jusqu’au zénith. Ses rayons tamisés,
fatigués d’avoir brillés de tout leur saoul durant l’été, descendent à
l’oblique pour donner à ce cadre paradisiaque une ambiance chaleureuse, calme
et presque déjà une envie de feu de cheminée, de thé chaud en écoutant le
craquement du bois rongé par les flammes…
Laissez moi aussi vous présenter celui sans
qui tout ça n’aurait pas été possible, il nous a apporté chaleur et protection,
le château d’Ihintza !
Bon et maintenant, on fait quoi ? Ben, on
mange ! On aura de quoi faire cette semaine ! Petite pensée pour le
marché de Villefranche et « mon papy » sans qui nous n’aurions pas
été aussi gâtées !
Après
une bonne nuit et une grande difficulté à s’extraire des duvets (il fait 6 degrés
dans le camion), je découvre ma première voie au Verdon avec « Cat so
angry » que nous faisons sous les conseils de Dav. Oncle Dav ? Je
crois que la guapita ne t’auras jamais autant pourri ! En effet la voie
n’est pas équipée à la verdonnesque, c’est-à-dire avec un point tous les 6m, mais
elle est assez physique ! Ça sera donc 80m de roumègue pour ma binôme
adorée ! Mais ce n’est pas grave ! J’apprécie ce caillou sculpté par
les eaux, aux formes douces et harmonieuses, ces surplombs imposant et ce gaz
vertigineux ! Nous atteignons le sommet en empruntant la voie « El
gringo loco », une petite voie en dalle où je peux enfin apercevoir les
dents du bonheur de ma belle Ihintza !
Le truc qui est aussi très chouette, c’est que
les voies sont courtes ! Nous sommes au sommet vers 16h, nous laissant
largement le temps de manger un bout, boire un petit verre dans un des
multiples bars du village et bouquiner… C’est pas ça les vacances après
tout ? PRENDRE LE TEMPS !
Notre
2eme jour au paradis est frigorifique, le vent est vraiment glacial et le
récent souvenir de cette journée de méga caillage à Ordesa nous fait abandonner
l’idée d’une grande voie aujourd’hui. Nous optons donc pour la belle randonnée
du sentier Martel. C’est aujourd’hui au fond des gorges que nous allons
évoluer, et à l’horizontale ! Ce petit chemin (qui sent la noisette…)
longe la rivière. Nous passons d’abord dans un très long tunnel, à l’origine
creusé pour drainer l’eau à travers les gorges, quand celle-ci se fait trop
abondante. Heureusement qu’un ami d’Ihintza nous avait prévenu, on n’y voit
rien du tout ! Alors nous nous sommes équipées ! Et bien sûr, après
avoir salué un crapaud au frais dans une résurgence du tunnel, notre folie
l’emporte et nous courrons comme des enfants dans le noir !
Après une pause de midi au soleil à l’abri du
vent et évidemment après une petite sieste, nous rebroussons chemin pour aller
faire quelques couennes à l’Escales.
Mercredi, il fait super beau ! Et c’est après
avoir descendu les rappels plein gaz que nous attaquons la magnifique première
longueur de « Barbapoupon ».
Le caillou est INCROYABLE (Nadiuska, je
t’aime). Les gouttes d’eau tombant régulièrement des surplombs au dessus de la
longueur ont créées de petits trous dans la paroi, juste de quoi glisser une ou
deux phalanges ou un bout de chausson.
Toutes les longueurs de la voie sont
magnifiques. Le rocher est taillé, façonné de gouttes d’eau, de strates à doigt
et techniques, tout ce que nous
aimons ! Mais quel bonheur de se retrouver là, de vivre ce moment
ensemble, de piailler au relais, de se quitter pour un moment de solitude, de
grimpe, d’osmose avec la nature, le rocher, le soleil qui nous chauffe
doucement le dos (et rend nos chaussons un peu trop petits !!!)… Et de se
retrouver au relais suivant. Gourmandes de la vie et de sensations, c’est bien
nous !
"Pour une poignée de gros lards".
Belle et sauvage nous avait dit l'oncle Dav. Et aujourd'hui, lhintza était
d'accord avec lui pour dire que oui, cette voie était superbe, même si elle a
dû artifer un pas de la dernière
longueur, vraiment trop bloc !
Pour
notre 5ème jour de grimpe, les doigts commencent à piquer! On a
laissé quelques bouts de peau sur le caillou, mais pas notre motivation! Nous
nous engageons dans "Agorgeamoclès". Petit coup de gueule en arrivant
au premier relais, où quelqu'un n'a pas trouvé de meilleur spot pour lâcher son
caca de la peur... Au lieu d’être bien installées sur une petite vire, c'est
donc les fesses dans le vide et le nez « ravi » que nous partons dans
la première longueur de traversée, très esthétique! La suite est tout aussi belle
mais soutenue, chacune couine dans sa longueur, sous les encouragements d'un BE
dans la voie d'à côté qui trimballe deux allemands dont il ne comprend pas le
dialecte... Cool sa journée à lui!
Ma guapita engage la viande dans un très beau longeur
en fissure, elle est dans son élément, mais nous sommes au Verdon, et il faut
grimper au dessus du point! Idem pour moi dans la longueur suivant en dalle, il
y a une traversée très technique avec presque le petit panneau préventif
« grandes pates exige… ». Ok c’est pour moi et mon grand écart, loin
d’être gracieux !
Et le pire reste à venir. Nous choisissons de
finir la voie par la variante de "Solide au bidet" car la dernière
longueur de notre voie est patinée. Sauf que cette variante a été ouverte en
1987, c’est-à-dire old school!! Et alors là, là oui j'ai couiné! Les points
sont carrément aérés et ne suivent pas du tout les lignes évidentes de la
falaise... Alors lentement mais sûrement, nous sortons de la voie! Ravies tout
de même!!
Le soir, crevées et après un bon repas, nous
retrouvons Nadiuska qui nous rejoint pour notre dernier jour de grimpe avec Tristan,
un mec super coolos, mais la plume sur son casque laisse deviner que c’est un
apache, alors il vaut peut être mieux se méfier… ;-). Demain nous auront 2
BE avec nous, c’est pas la classe ça ?
Pour ce dernier jour en bonne compagnie, nous avions
prévu de faire « Trache sur la tranche », une belle voie de 250m avec
une longueur en 6c sur le fil d’une arête… Mythique… Mais lorsque nous arrivons
au pied de la voie, il y a déjà deux cordées dedans. Nous nous rabattons donc
sur une voie aux allures plus physiques « Les fils de l’haltère et du
pan ».
La première et les 3 dernières longueurs
portent bien le nom ! C’est athlétique et aujourd’hui, la guapita comme
moi-même, sommes crevées ! On la sent la semaine de grimpe dans les
bras !
Nous prenons tout de même du plaisir dans L2
et L3 qui sont absolument splendides, mythiques, majeures… Ouah !!!
Nous utilisons enfin notre joker BE, alias
Tristan et Nadiuska de la dernière longueur, car plus de bras et plus de
mental !
Notre semaine s’achève avec une dernière
soirée au bar autour de bonnes pizzas qui nous ont narguées toute la semaine
avec leur odeur délicieuse… et un petit concert Flamenco, un régal !
Eh guapita, on repart quand et où ??
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